L’élite et l’urne : les budgets secrets des élections qui façonnent la politique marocaine
Imaginez un échiquier où chaque mouvement est dicté non seulement par la stratégie, mais par une ressource invisible, omniprésente : l’argent. Dans le grand théâtre de la politique marocaine, les élections ne sont pas qu’un simple rendez-vous citoyen ; elles sont une confrontation de moyens, une course où la puissance financière peut sceller les destins. En 2021, le budget global des partis politiques au Maroc a frôlé le demi-milliard de dirhams, atteignant précisément 499,69 millions de dirhams, avec des dépenses déclarées de 502,26 millions de dirhams. Ce chiffre vertigineux n’est pas anodin ; il est le reflet d’une ambition décuplée, d’une stratégie affûtée, et d’une réalité où l’accès au pouvoir a un prix, un prix qui ne cesse de croître. Ce montant représente un quadruplement spectaculaire par rapport à l’année précédente, où les dépenses s’élevaient à 122,07 millions de dirhams. Cette augmentation massive des dépenses électorales indique une transformation fondamentale dans l’approche des campagnes, suggérant une intensification de la compétition politique et un recours accru à des méthodes de communication plus onéreuses.
Cet article invite à une plongée exclusive dans les arcanes du financement électoral au Maroc. Il décryptera les mécanismes, les chiffres, les acteurs, et les zones d’ombre de cette économie politique. Il s’agit de comprendre ce que l’argent ne peut acheter, mais aussi ce qu’il peut transformer, dans la quête du leadership national.
Le Maroc, un écosystème politique en quête de transparence

Le Maroc, sous l’impulsion de sa Constitution de 2011, a entrepris un processus de modernisation de sa vie politique, plaçant la transparence et la bonne gouvernance au cœur de ses ambitions. La question du financement des partis politiques et des campagnes électorales est devenue un pilier central de cette réforme, car elle touche directement à l’intégrité du processus démocratique et à la légitimité des institutions élues. Le cadre juridique du financement des partis politiques est examiné sous deux angles principaux : la participation de l’état au financement et le contrôle exercé par l’état sur l’utilisation des fonds accordés.
Le financement des partis politiques et des campagnes électorales au Maroc est encadré par un dispositif législatif précis, notamment la loi organique n° 29-11 relative aux partis politiques, modifiée et complétée par la loi organique n° 07-21, promulguée par le dahir n° 1-21-37 du 21 avril 2021. Ce cadre vise à réguler la participation de l’état au financement des partis et à contrôler l’utilisation des fonds accordés, tout en imposant des règles de transparence et de justification des dépenses. Les partis politiques bénéficiaires de la participation de l’état doivent ouvrir un compte bancaire propre aux ressources et dépenses de la campagne électorale.
La Cour des comptes joue un rôle essentiel dans ce dispositif. Elle est chargée d’auditer les comptes des partis politiques et de vérifier la sincérité de leurs dépenses, notamment celles liées au soutien public. Ses rapports annuels sont des baromètres cruciaux de la santé financière de la vie politique marocaine, pointant les avancées comme les lacunes.
La juxtaposition d’un cadre légal rigoureux et du rôle de surveillance de la Cour des comptes avec l’observation d’un quadruplement des dépenses et des allégations persistantes de pratiques illicites révèle une tension significative. Elle met en lumière un écart entre l’objectif déclaré de transparence et les réalités pratiques du financement politique. Le cadre juridique est bien en place, mais son efficacité à maîtriser l’escalade des coûts et les sources potentielles de financement illicite demeure un défi majeur. Cela crée une divergence entre l’intention législative et l’exécution sur le terrain, où les mécanismes formels peinent à contenir les flux financiers informels ou illégaux.
Les arcanes du financement politique : une anatomie détaillée

Le cadre légal : les règles d’or et leurs interprétations
Le financement des partis politiques au Maroc repose majoritairement sur les subventions de l’état. Ces subventions sont de deux types : annuelles pour les dépenses de fonctionnement et spécifiques pour les campagnes électorales. Le montant global de la participation de l’état aux campagnes électorales est fixé par décision du chef du gouvernement, sur proposition de l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, de la justice et des finances.
Historiquement, cette participation a connu une augmentation constante. En 2002, elle était de 150 millions de dirhams, passant à 200 millions en 2007, puis à 220 millions de dirhams (environ 19 millions d’euros) en 2011 pour les élections anticipées. Cette tendance à la hausse des contributions de l’état aux campagnes électorales témoigne d’une reconnaissance croissante des exigences financières des campagnes modernes. Cependant, cette dépendance structurelle des partis vis-à-vis des fonds publics, comme le soulignent les rapports, peut paradoxalement entraver la diversification de leurs ressources financières. Une telle dépendance pourrait potentiellement limiter l’autonomie des partis et leur capacité à répondre aux diverses demandes de la société, les rendant plus sensibles aux orientations de la politique étatique.
Le financement d’une campagne est plafonné par candidat. En 2011, ce plafond était de 350 000 dirhams (environ 30 000 euros), contre 250 000 dirhams en 2007. Les règles de plafonnement concernent les élections communales et législatives. Malgré l’existence de ces plafonds de dépenses, l’augmentation spectaculaire des dépenses globales des partis en 2021, qui ont quadruplé, ainsi que les allégations persistantes de « l’usage massif de l’argent pour l’achat de voix », suggèrent que ces plafonds individuels peuvent être insuffisants, mal appliqués ou facilement contournés. Cette divergence entre les limites formelles et les dépenses réelles indique que le coût véritable des campagnes électorales pour les candidats victorieux dépasse probablement de loin les montants déclarés, mettant en évidence des problèmes systémiques dans la déclaration financière ou l’application des règles, et potentiellement l’existence d’un marché informel de l’influence politique.
En ce qui concerne les dons et contributions, le cadre est strict mais des failles persistent. Les partis politiques marocains sont tenus de conserver les originaux de tous les documents et pièces comptables, et d’en adresser un exemplaire à la Cour des comptes. Tout versement de sommes en numéraire supérieures à 5 000 dirhams pour le compte d’un parti politique doit se faire par chèque bancaire ou postal. De même, toute dépense en numéraire dont le montant est supérieur à 10 000 dirhams doit être effectuée par chèque. Les partis ne peuvent recevoir de subventions directes ou indirectes des collectivités territoriales, des établissements publics, des personnes morales de droit public ou des sociétés dont le capital est détenu, en totalité ou en partie, par l’état. Le financement des partis doit être exclusivement d’origine nationale, et les fonds étrangers sont formellement interdits. En comparaison, en France, seuls les particuliers peuvent faire des dons aux partis politiques, plafonnés à 7 500 euros par an et par personne, les personnes morales étant interdites de financement depuis 1995.
La prohibition légale des dons d’entreprises et des financements étrangers, couplée aux limites strictes sur les transactions en espèces, vise à prévenir le financement illicite et l’influence indue. Cependant, les observations récurrentes de la Cour des comptes concernant des « insuffisances… dans la présentation de certaines pièces justificatives » et les rapports de Transparency Maroc sur « l’usage massif de l’argent » suggèrent que ces réglementations sont soit contournées par des canaux informels, soit que les mécanismes de surveillance peinent à suivre et à sanctionner efficacement ces infractions. Cela révèle une zone grise significative dans le financement politique, où les règles formelles sont en place, mais où l’économie informelle de l’influence continue d’opérer, remettant en question l’intégrité du système.
Le contrôle et les sanctions sont des piliers du cadre légal. La Cour des comptes vérifie l’utilisation du soutien de l’état et les comptes de campagne électorale des partis. Les partis doivent adresser leurs comptes de campagne à la Cour des comptes dans les trente jours suivant le scrutin. En cas de non-justification des dépenses ou d’utilisation à des fins autres que celles pour lesquelles les fonds ont été accordés, le parti perd son droit au financement public jusqu’à régularisation. Le non-dépôt du compte de campagne dans les délais peut entraîner l’inéligibilité du candidat pour deux mandats successifs. Le dépassement du plafond des dépenses électorales peut également entraîner l’inéligibilité.
Bien que le cadre juridique prévoie des sanctions sévères, les problèmes persistants mis en évidence par la Cour des comptes et Transparency Maroc, tels que les « pratiques persistantes de mauvaise gestion » et les « allégations d’un manque de transparence » , suggèrent que ces sanctions ne sont pas appliquées de manière cohérente, ou que leur effet dissuasif est insuffisant. Cela implique un défi dans l’application effective et la responsabilisation, potentiellement en raison de lacunes juridiques, de contraintes de ressources pour les organismes de surveillance, ou d’interférences politiques qui permettent la persistance de la non-conformité.
Les chiffres révélés : une cartographie des investissements électoraux
L’évolution du soutien public global aux partis politiques et aux campagnes électorales au Maroc révèle des dynamiques financières complexes.
Table 1: Évolution du soutien public global aux partis politiques et campagnes électorales au Maroc (2002-2023)
Année | Montant global de la participation de l’état aux campagnes électorales (MDH) | Soutien public annuel total aux partis (MDH) | Nombre de partis bénéficiaires (approx.) | Pourcentage du soutien public dans les ressources totales des partis |
2002 | 150 | N/A | N/A | N/A |
2007 | 200 | N/A | N/A | N/A |
2011 | 220 | N/A | N/A | N/A |
2018 | N/A | 140.625 (total général) | 27 (total audité) | 54,90% |
2020 | N/A | 64,63 | 26 | 53% |
2021 | N/A (mais dépenses totales 502,26) | 499,69 (budget global) | 29 (sur 34) | N/A (mais forte hausse des dépenses de campagne) |
2022 | N/A | 81,17 | N/A | N/A |
2023 | N/A | 60,38 | 17 (sur 27) | 58% |
Les données montrent une politique étatique dynamique, et parfois fluctuante, en matière de financement des partis. Alors que la participation de l’état aux campagnes électorales a augmenté de manière constante jusqu’en 2011, le soutien public annuel aux partis a connu des variations significatives, avec une baisse notable en 2023 par rapport à 2022. Cette fluctuation, couplée au fait que seize partis n’ont pas bénéficié de soutien public en 2023 faute de remplir les conditions légales , suggère une politique étatique plus conditionnelle ou une application plus stricte des critères d’éligibilité par les organismes de contrôle. La forte dépendance structurelle des partis à l’égard du financement public, représentant plus de la moitié de leurs ressources totales (58% en 2023, 54,9% en 2018) , les rend vulnérables aux changements de politique étatique ou aux allocations budgétaires, ce qui peut potentiellement limiter leur indépendance financière et leur stabilité opérationnelle, les incitant parfois à rechercher d’autres sources de financement moins transparentes.
Les plafonds de dépenses par candidat sont également un élément clé du contrôle.
Table 2: Plafonds des dépenses électorales par candidat au Maroc (sélection d’années)
Année | Plafond de dépenses par candidat (dirhams) | Équivalent en euros (approx.) |
2007 | 250 000 | 25 000 |
2011 | 350 000 | 30 000 |
Compte tenu du quadruplement des dépenses globales des partis en 2021 , un plafond individuel de 350 000 dirhams par candidat, inchangé depuis 2011, semble de plus en plus inadapté ou facilement contourné, en particulier dans un contexte d’augmentation des coûts de campagne et d’allégations de dépenses illicites. Cette disparité suggère que le coût réel des campagnes pour les candidats qui réussissent dépasse probablement de loin les plafonds individuels déclarés, ce qui met en évidence des problèmes systémiques dans la déclaration financière ou l’application des règles, et potentiellement un « marché noir » de l’influence politique. Si les plafonds individuels étaient strictement respectés et représentaient les dépenses réelles, une telle augmentation massive des dépenses totales des partis serait difficile à justifier, à moins d’une augmentation exponentielle du nombre de candidats ou d’activités de campagne non couvertes par le plafond individuel. Cela renforce l’idée qu’une part significative des dépenses se produit en dehors du champ d’application des comptes individuels des candidats, potentiellement par le biais de fonds centraux des partis ou de moyens non déclarés.
Les partis en jeu : qui dépense, qui gagne?
Une analyse des ressources financières des partis politiques au Maroc révèle une concentration significative. En 2020, les ressources globales de quatre partis – le Parti de la Justice et du Développement (PJD), le Rassemblement National des Indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal – représentaient 77% du total des ressources déclarées. Cette tendance n’est pas nouvelle ; en 2018, sept partis accaparaient 89,83% du total des ressources. Plus récemment, en 2023, la Cour des comptes a souligné qu’une « concentration extrême des ressources » persistait, avec 92% du total déclaré provenant de seulement neuf partis.
Cette concentration constante et extrême des ressources financières parmi un petit nombre de partis majeurs suggère un paysage politique fortement stratifié, où le pouvoir financier est étroitement lié à la domination politique. Cette situation peut créer des obstacles significatifs à l’entrée pour les partis plus petits ou émergents, limitant ainsi un pluralisme authentique et une compétition démocratique équitable. Les partis dotés de ressources financières plus importantes peuvent se permettre des campagnes plus sophistiquées, un personnel plus professionnel, une portée plus large et des stratégies de communication plus élaborées, rendant difficile la concurrence pour les partis moins bien financés. Cette concentration financière a un impact direct sur la compétitivité et le pluralisme du système politique, pouvant entraîner un cycle d’auto-perpétuation du pouvoir pour les entités les plus riches, où l’argent devient un facteur déterminant pour l’accès à l’influence politique.
Parti politique au Maroc | Budget de 2016 | Budget 2020 |
Istiqlal | 6 703 448,00 DH | |
RNI | 1 835 104,11 DH | |
PAM | 1 452 000,00 | 6,31 millions de dirhams |
Des exemples des budgets des partis illustrent cette dynamique. En 2018, pour les élections législatives de 2016 (dont les dépenses ont été déclarées en 2018), le Parti de l’Istiqlal a déclaré 6 703 448,00 DH, le RNI 1 835 104,11 DH, le PAM 1 452 000,00 DH, et le PJD 1 874 350,02 DH. En 2020, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) a reçu 6,31 millions de dirhams spécifiquement pour l’organisation de son congrès national, ce qui en a fait un bénéficiaire notable du soutien public pour cet exercice. Bien que des budgets spécifiques soient disponibles pour certaines années, les données sont fragmentées et ne permettent pas une comparaison directe et exhaustive de tous les partis majeurs sur l’ensemble des cycles électoraux. Cette fragmentation, combinée à l’observation générale d’un quadruplement des dépenses en 2021 , suggère que la véritable image financière détaillée de chaque parti, et sa corrélation précise avec les résultats électoraux, reste opaque. Cette opacité entrave une analyse complète des investissements financiers stratégiques des partis et de leur impact sur les résultats des scrutins.
Les zones d’ombre : défis et controverses du financement politique

Malgré les avancées législatives et le rôle de surveillance de la Cour des comptes, le financement politique au Maroc reste confronté à des défis majeurs, source de controverses persistantes.
Transparence et reddition des comptes : une lutte continue
Les rapports de la Cour des comptes soulignent des manquements persistants en matière de gestion des fonds publics par les partis politiques. En 2023, la Cour a relevé que quatre partis n’avaient pas fourni de rapport de certification, six formations n’avaient soumis aucun compte, et sept autres n’avaient pas transmis l’ensemble des tableaux exigés dans l’annexe du plan comptable normalisé des partis. Bien que la situation se soit améliorée par rapport à 2022, où 26% des dépenses n’étaient pas justifiées, la Cour note toujours que 0,42% des dépenses en 2023 étaient justifiées par des pièces insuffisantes ou non établies au nom du parti. En 2021, sur les 34 partis légalement constitués, seuls 29 avaient produit leurs comptes annuels à la Cour, et 11 d’entre eux l’avaient fait hors des délais légaux.
Ces observations récurrentes de la Cour des comptes, malgré les sanctions prévues par la loi (comme la perte du droit au financement public) , mettent en lumière une difficulté systémique à assurer une transparence totale et une conformité rigoureuse. Cela peut être attribué à plusieurs facteurs : des lacunes dans les capacités de gestion interne des partis, un manque de professionnalisation dans la tenue de leurs comptes, ou une application inconsistante des sanctions. La persistance de ces manquements suggère que les mécanismes de contrôle, bien que présents, ne sont pas toujours suffisamment dissuasifs ou efficaces pour garantir une conformité pleine et entière, ce qui ouvre la porte à des pratiques moins scrupuleuses.
Allégations de pratiques illégales : l’ombre de la corruption
Transparency Maroc a exprimé son regret face à la persistance de pratiques illégales et contraires à l’éthique qui ont entaché les élections du 8 septembre 2021. Parmi ces pratiques, l’association a dénoncé :
- La présentation et la validation par les autorités de candidatures d’anciens élus impliqués ou présumés impliqués dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics.
- L’usage massif de l’argent pour l’achat de voix, la formation des listes de candidatures et lors des étapes post-électorales pour la constitution des bureaux des régions et des conseils communaux.
- L’impossibilité d’accéder aux données essentielles sur les suffrages, en dehors des résultats officiels annoncés par le ministère de l’intérieur.
Ces allégations, corroborées par le rapport d’observation d’élection de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui mentionne un « manque de transparence dans le financement de la campagne » et des « allégations d’achat de votes », révèlent un fossé entre la législation et la réalité du terrain. Le fait que des élus soient poursuivis pour corruption, notamment au sein de partis majeurs comme le RNI, le PAM et l’Istiqlal , souligne la gravité de la situation. Ces pratiques sapent la confiance des citoyens et fragilisent les institutions élues, car elles remettent en question la légitimité même du processus démocratique. La persistance de ces comportements, malgré les interdictions légales, indique que les sanctions ne sont pas suffisamment dissuasives ou que les mécanismes de détection et de poursuite sont insuffisants pour éradiquer ces phénomènes.
Comparaison avec d’autres modèles : leçons et perspectives
Le Maroc, comme de nombreux pays, s’inspire de modèles internationaux pour réguler le financement politique. La France, par exemple, a un cadre juridique très précis depuis 1988, où les dépenses électorales sont remboursées aux candidats ayant obtenu au moins 5% des suffrages, et où les dons des personnes morales sont interdits depuis 1995. Le plafonnement des dons individuels à 7 500 euros par an et par personne est également une mesure clé. L’aide publique en France est attribuée après examen des comptes par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). En 2022, le montant des aides publiques en France s’élevait à 66,15 millions d’euros.
En Tunisie, la question du financement des campagnes a été un thème majeur des élections de 2011 et 2014, avec un accent sur le pluralisme politique. Bien qu’il n’y ait pas de dispositions liant directement le financement public à l’égalité des sexes entre les candidats, le Maroc, à l’instar d’autres pays, a mis en place un fonds de soutien pour encourager la représentativité des femmes, finançant des projets visant à renforcer leurs capacités politiques.
Ces comparaisons mettent en évidence des approches différentes mais des défis similaires en matière de transparence et de régulation. La dépendance marquée du Maroc aux subventions publiques, couplée aux allégations de pratiques illégales, suggère que des réformes structurelles sont nécessaires pour diversifier les sources de financement des partis et renforcer l’efficacité des mécanismes de contrôle.
Vers une nouvelle ère de la politique marocaine? réformes et avenir
La question du financement politique au Maroc est au cœur des débats sur la gouvernance et la démocratie. La Cour des comptes a régulièrement appelé à une réforme structurelle pour une gestion plus transparente, responsable et efficiente des fonds publics alloués aux partis politiques. Les défis persistants liés à la transparence, à la conformité et à la gestion des fonds publics, malgré l’entrée en vigueur de la loi organique n° 27-11, soulignent la nécessité de mesures concrètes.
Les réformes envisagées pourraient inclure un renforcement des capacités internes des partis en matière de gestion financière et comptable, une diversification des sources de financement pour réduire la dépendance excessive aux subventions de l’état, et une application plus rigoureuse des sanctions en cas de non-conformité. L’accent mis sur l’optimisation des ressources de l’état et la transparence dans la loi de finance 2024 pourrait, à terme, influencer positivement le financement politique en renforçant les mécanismes de contrôle et en réduisant les échappatoires fiscales.
L’évolution vers une plus grande transparence et une meilleure gestion des fonds électoraux est essentielle pour renforcer la confiance des citoyens dans le processus démocratique marocain. C’est un chemin semé d’embûches, mais dont la destination est une démocratie plus robuste, plus équitable et plus légitime.
Conclusion aspirationnelle : le coût de l’ambition, le prix de la démocratie
Le paysage politique marocain, avec ses budgets électoraux en constante expansion et ses mécanismes de financement complexes, est un miroir des ambitions et des défis d’une nation en pleine évolution. Les chiffres révélés par la Cour des comptes et les observations des organisations de la société civile ne sont pas de simples statistiques ; ils racontent l’histoire d’une quête de pouvoir où l’argent, bien que nécessaire, doit être manié avec la plus grande intégrité.
Comprendre les flux financiers qui irriguent la vie politique, c’est détenir une clé pour décrypter les dynamiques de pouvoir, anticiper les évolutions et exiger une gouvernance à la hauteur des aspirations nationales. C’est un privilège d’initié que de saisir ces nuances, de percevoir les enjeux au-delà des discours officiels.
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FAQ : décrypter le financement politique au Maroc
1. Comment les partis politiques marocains sont-ils principalement financés?
Les partis politiques au Maroc sont principalement financés par des subventions de l’état, qui couvrent une part significative de leurs dépenses de fonctionnement et de leurs campagnes électorales. En 2023, le financement public annuel représentait environ 58% des ressources totales déclarées par les partis.
2. Quel est le montant global de la participation de l’état aux campagnes électorales au Maroc?
Le montant global de la participation de l’état aux campagnes électorales est fixé par décision du chef du gouvernement. Il était de 220 millions de dirhams (environ 19 millions d’euros) pour les élections anticipées de 2011, contre 200 millions en 2007 et 150 millions en 2002.
3. Existe-t-il un plafond de dépenses pour les candidats aux élections au Maroc?
Oui, le financement d’une campagne est plafonné par candidat. En 2011, ce plafond était de 350 000 dirhams (environ 30 000 euros), contre 250 000 dirhams en 2007.
4. Quel rôle joue la Cour des comptes dans le contrôle du financement des partis politiques?
La Cour des comptes est l’institution supérieure de contrôle des finances publiques au Maroc. Elle est chargée d’auditer les comptes des partis politiques et de vérifier la sincérité de leurs dépenses, notamment celles liées au soutien public et aux campagnes électorales. Les partis doivent lui adresser leurs comptes de campagne dans les trente jours suivant le scrutin.
5. Quelles sont les principales controverses ou défis liés au financement politique au Maroc?
Les principales controverses incluent des allégations de manque de transparence, l’usage massif de l’argent pour l’achat de voix, la présentation de candidatures d’anciens élus impliqués dans des affaires de corruption, et des lacunes dans la justification des dépenses par les partis.
6. Les dons d’entreprises ou les fonds étrangers sont-ils autorisés pour les partis politiques marocains?
Non, les partis politiques au Maroc ne peuvent recevoir de subventions directes ou indirectes des collectivités territoriales, des établissements publics, ou des sociétés dont le capital est détenu par l’état. Le financement doit être exclusivement d’origine nationale, et les fonds étrangers sont interdits.
7. Quelles sont les sanctions en cas de non-respect des règles de financement?
En cas de non-justification des dépenses ou d’utilisation des fonds à des fins non prévues, le parti peut perdre son droit au financement public jusqu’à régularisation. Le non-dépôt du compte de campagne dans les délais ou le dépassement du plafond des dépenses peut entraîner l’inéligibilité du candidat pour deux mandats successifs.
8. Comment le budget global des partis politiques a-t-il évolué récemment?
En 2021, le budget global des partis politiques a atteint 499,69 millions de dirhams, avec des dépenses déclarées de 502,26 millions de dirhams. Cela représente un quadruplement par rapport à 2020, où les dépenses s’élevaient à 122,07 millions de dirhams, une hausse due principalement aux dépenses de campagne électorale.